Un contexte

Le territoire entre Montereau-Fault-Yonne et Champagne-sur-Seine représente un pôle agricole majeur. A la fin du XIXe siècle, les villages subsistaient d’un commerce de céréales florissant obtenu par de vastes étendues cultivables. Le site représentait également un terreau favorable au développement des industries. Ainsi au début du XXe siècle, des industriels s’y implantèrent afin d’exploiter les potentiels géologiques (gravières), profitaient de la situation géographique et minière. De grandes entreprises comme Shneider Electrics y ont construit leurs usines et participèrent à l’essor commercial des communes. La région comptait alors des centaines de pôles industriels de différents types. Fort du passé agricole local et suivant les avancées techniques, la production à grande échelle d’engrais et de pesticides explosa et plusieurs usines furent créées. Le site dispose donc d’un vaste héritage industriel et agricole qui jouera un rôle majeur dans son développement et qui aura, nous le verrons, des répercussions non négligeables.

Aux confluents de la Seine avec deux de ses affluents, le Loing du côté de Champagne-sur-Seine et l’Yonne du côté de Montereau, le territoire présente une vulnérabilité particulière concernant les crues de la Seine. La présence de vastes étendues plates situées presque à fleur de l’eau du fleuve, la moindre montée des eaux peut alors inonder des hectares entiers de terrain. Ces crues sont par ailleurs à l’origine des très nombreux bassins naturels présent de part-et d’autre de la Seine. L’inondation d’un terrain n’est pas sans conséquence. En effet, elle change la porosité des sols et favorise la dispersion d’éléments microbiologiques indésirables.

Malgré le contexte industriel du site, ce dernier dispose cependant d’un patrimoine culturel et historique. On notera trois principaux centres touristiques et culturels que sont le musée archéologique de Pincevent, qui expose les plus anciens ossements trouvés à ce jour en Île de France ainsi que des représentations et témoignages historiques, mais aussi le pôle d’activités nautiques de la Grande Paroisse et celui de Montereau qui réunissent camping, zones de loisir, infrastructures de téléski nautique ainsi que tout une variété d’activités liées à l’eau (pratique de la navigation, pédalos etc…). Un autre élément majeur du territoire et son implication dans un projet à plus grande échelle : l’Euro vélo route. Il s’agit d’un projet européen qui a pour objectif l’aménagement de plusieurs circuits à échelle internationale uniquement dédiés aux vélos ou promeneurs. Ainsi l’Euro Vélo 3, partant de Trondheim en Norvège et se termine à Saint-Jacques de Compostelle en Espagne en passant par Champagne-sur-Seine pour ensuite redescendre vers Nemours en remontant le Loing.

Coupe/perspective en direction de Montereau

Le passé industriel du site a entraîné des conséquences sur son territoire. La production d’engrais et de pesticides ont participé à la pollution des nappes, qui, en Seine et Marne sont partiellement inutilisables. C’est également par une pollution d’ hydrocarbure que les usines ont marquées leur territoire. Cependant, la pollution des sols n’est pas uniquement due à ces industries. Les nombreuses activités agricoles notamment céréalières jouent un rôle important dans le processus de pollution en utilisant des engrais et pesticides qui polluent les sols et ceux jusqu’aux eaux souterraines.

La ressource en eau aujourd’hui semble précaire. Parmi les 908 captages suivis en ile de france plus d’un quart présentent des concentrations en nitrates supé- rieures à 37,5 mg/l. Les secteurs les plus impactés sont le sud-est et le nord-ouest de l’Ile-de-France. Ils correspondent aux partie affleurantes de la nappe de l’Eocène supérieur -à l’est- et de la nappe de la craie -affleurante dans la vallée de la Seine, au sud-est et au nord-ouest de l’Ile-de-France. Les nappes sont en effet plus vulnérables aux pollutions lorsqu’elles affleurent que lorsqu’elles sont recouvertes par d’autres formations géologiques plus ou moins perméables. Ce sont essentiellement dans ces secteurs les plus impactés que les actions préventives doivent être dévelop pées afin d’atteindre les objectifs environnementaux -fixés par la DCEet de protection de la santé humaine -fixés par la directive eau potable. En Ile-de-France, la principale cause d’abandon de captage est liée à la qualité de la ressource en eau et concerne 56% des captages abandonnés. Parmi les 158 captages concernés ,75% ont été abandonnés en raison de pollutions diffuses (nitrates, pesticides) ;Les causes d’abandon administratives sont liées par exemple à des regroupements de réseaux avec abandon de certaines ressources. En cas de dégradation de la ressource en eau, la mise en place d’actions le plus souvent curatives représente un coût très important pour la collectivité responsable. Le traitement des nitrates et des pesticides dans les eaux couterait entre 20 et 46 euros par hectare et par an à la collectivité. C’est 116 millions d’euros ont été dépensés pour la création ou la modernisation d’usines de traitement des eaux ces dernières années. Les mesures curatives permettent d’améliorer la qualité de l’eau distribuée mais ne règlent pas le problème de la pollution à la source. A long terme, c’est donc l’ensemble de la ressource qui pourrait se dégrader, même si l’eau distribuée reste de bonne qualité grâce aux traitements réalisés et au contrôle sanitaire. Partout, le renforcement des mesures de prévention est également un investissement sur le long terme, par la réduction des coûts dans le domaine du traitement des eaux et de la santé publique, indirectement supportés par le consommateur.

Cette grande pollution des eaux s’explique par la perméabilité du sol qui est la première caractéristique géologique de la région. Les parcelles agricoles, qui sont majoritaires entre Champagne sur Seine et Montereau, sont séparées des eaux souterraines par du calcaire, et du sable et du gravier pour la rive droite et la rive gauche, est elle beaucoup plus sensible, par une zone qui se compose uniquement de sable et de gravier.

Sols imperméables

Sols perméables

Sols très perméables

La pollution des sols est difficilement traitable par excavation en considérant la nature des sols. En effet, la pollution dans un sol sableux ou de graviers se diffuse alors de manière multidirectionnelle. Nous ne pouvons de ce fait, traiter les pollutions liées à l’industrie et l’impossibilité de traiter directement les eaux souterraines puisqu’elles se confondent aux autres natures de roches.

Notre projet a pour but de traiter les symptômes de la production agricole. Aujourd’hui, des règles concernant la régularisation des processus de fertilisation agricole existent mais concernent une part faible des engrais et pesticides qui n’aboutit pas à un arrêt total des polluants. En espérant s’accompagner d’une diminution progressive de l’agriculture intensive notamment par l’emploi de fertilisants, nous optons pour le processus de lagunage qui dépollue naturellement les eaux issues du ruissellement. Conscient de ne pouvoir traiter l’ensemble du site, nous nous intéressons à des zones stratégiques qui seront le plus sensible au processus mis en place et qui serviront à promouvoir le respect des sols.

Le Projet

Le thème commun à nos trois projets est donc de traiter le problème de ruissellement des eaux polluées. Sur cette thématique, plusieurs solutions s’offrent à nous. En effet, il existe différent processus pour la dépollution des eaux dont le lagunage qui est un dispositif naturel qui consiste à récupérer l’eau (pluie, ruissellement, inondations, rejet agro-industriel etc.) au moyen de bassins utilisant des éléments organiques qui permettent de d’absorber et de digérer cette pollution. Ce système nous intéresse particulièrement car son procédé est naturel et sa mise œuvre s’intègre parfaitement dans un paysage rural, ce qui coïncide avec le contexte en question.

Il existe quatre différents dispositifs de lagunage dont les différentes caractéristiques se justifient selon les contraintes climatiques et topographique. Nous souhaitons proposer trois interventions mettant chacune en œuvre un dispositif différent allant avec sa localisation. Ces interventions font parties d’un projet de revalorisation des bassins pré-existants grâce à des points attractifs (base de loisir, aire de repos, pôle touristique, pôle archéologique.) en lien avec les dispositifs déjà mis en place (Eurovéloroute…)

Politique de réalisation

Pour ce faire, il est nécessaire d’établir un schéma départemental d’assainissement (S.D.A) qui peut être rédigé par la région ou par les communautés de communes. Afin d’encourager les régions à fournir ce schéma, l’Agence de l’Eau propose une subvention à hauteur de 75% du montant des études réalisées. Le S.D.A doit contenir un état des lieux précis, un diagnostic des potentiels actions, réalisé par le Comité Technique de Pilotage (CTP), ainsi que la planification, le chiffrage et les choix finaux sur les priorités d’intervention, réalisé par le Comité de Pilotage (CP). Une fois le S.D.A rédigé, il est envoyé au Conseil Général qui doit donner son approbation.

Après validation il faut réaliser un dossier de mise en œuvre des infrastructures qui découle lui même du S.D.A. Il y a par la suite un maître d’ouvrage choisis par le Conseil Général, qui va s’entourer d’un assistant à la maîtrise d’ouvrage (AMO), qui va lui même s’entourer d’un bureau d’étude. Ce travail est également subventionné par le Conseil Général, qui finance 10% du montant des travaux, ainsi que de l’Agence de l’Eau qui finance 25% du montant des travaux. Pour finir, tous ces éléments aboutissent à la réalisation du ou des projets concernés.

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