Le Méandre sur l’Eau est un projet qui se situe dans un territoire portant les cicatrices d’un passé industriel, la commune de Vernou-la-celle, dans la vallée des cinq moulins. La topographie locale est favorable à une concentration de pesticides car c’est le point de confluence des écoulements au sein du même vallon. Un bassin artificiel termine la course de la rivière, sa fonction était de fournir de l’eau de refroidissement pour une ancienne centrale à charbon dont les vestiges sont encore présents sur le site (empreintes des bâtiments annexes, locaux administratifs, cantines etc.). La topographie implique également des risques d'inondations lors de fortes crues de la rivière qui atteint les habitations proches. Le site fait une transition entre un environnement naturel rural quasiment intact en amont de l’étang et la zone industrielle située au bord de seine comptant entre autres la centrale à gaz. Le projet possède trois points majeurs, celui de dépolluer l’eau des ruissellements pour la redirigée vers un réseau utilitaire (et non sanitaire), de canaliser l'eau des crues dans des bassins annexes, évitant les inondations et de proposer un aménagement paysager permettant, dans un geste de renaturation, de valoriser une richesse environnementale et touristique.
Il s’agit d’abord de créer des bassins de lagunage permettant de traiter naturellement l’eau des ruissellements des pesticides et engrais utilisés par l’activité agricole. L’étang est subdivisé en trois bassins : le bassin anaérobie, le bassin intermédiaire et le bassin de maturation, ils sont séparés par des digues en rondins de bois enchâssés dans le sol et disposés en merlons et créneaux permettant un débordement contrôlé d’un bassin à l’autre. De plus, ces rondins encerclent également les îlots, jouant le rôle de soutènement afin d’éviter l’affaissement de la masse de terre au contact de l’eau, la topologie de l’étang, ses reliefs et sa végétation se trouvent alors figés dans le temps par l’intervention. De plus, l’activité macro-biologique des bassins produit une boue devant être retirée régulièrement, environs tous les ans, et pouvant servir d’engrais naturel pour l’activité agricole.
Lors de fortes pluies, la rivière entre en crue et provoque d'importantes inondations, le bassin ne possédant pas de dispositifs pour gérer un débit d'eau trop important. Le projet consiste à créer trois renfoncements en contrebas de l'étang pour accueillir, lorsque que ce dernier déborde, l'eau en surplus. Des conduits les relient les uns aux autres jusqu'aux conduites souterraines en aval. Les trois bassins ont des superficies respectives de 1274 m², 578 m² et 1968 m² et, avec une profondeur de 80 cm, peuvent accueillir au total 3056 m³ d'eau.
Mais le projet a aussi une dimension paysagère. Connectant les chemins qui descendent la vallée à la rue située en contrebas et reprenant l’idée du parcours sinueux d’une rivière, un ponton en bois de chataîgner se développe sur l’eau, reliant les îlots de l’étang dans une promenade architecturale. Le ponton se compose uniquement d’éléments en bois massif assemblés en portiques soit par des vis en métal soit par des tiges qui solidarisent le tout. Comme les pieux des digues, les pilotis sont également enfoncés dans le sol jusqu’à une profondeur d’1,50m, ce qui assure le contreventement des portiques. Le dessin du parcours implique que chaque élément du ponton doit être unique...
...C’est là un point qui caractérise le projet dans son ensemble. Il s’agit d’une intervention qui se situe hors des cadres normatifs, qui ne se préoccupe pas de délais restrictifs et qui n’a aucun objectif lucratif. Il se situe dans une tradition constructive appelant à la patience et à la qualité et convoque autant la valorisation du construit que du savoir-faire.